Indipendenti ma di classe!

Parigi, 4 maggio, 18h30, La Libreria

89 Faubourg Poissonnière, 75009

 

Classi accoglie Nils Andersson, Adda Bekkouche, Mireille Fanon Mendès-France, Pierre Grou, Daniel Lagot per discutere delle trasformazioni globali e del neo-colonialismo.

 

Ouverture musicale

di Fabrizia Barresi

autour de

"Corpi neri. Gramsci e il jazz"

 

Interlude musical

à partir de

"Verità e Giustizia"

 

Napoletana

intorno a

"Scosse" e "Notre-Dame-de-Naples" 

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Commenti: 2
  • #1

    daniel lagot (domenica, 08 maggio 2016 12:11)

    Chère Alessia,

    Merci encore de ton invitation à l'intéressante séance d'hier soir. Je suis arrivé un peu en retard, vers la fin de l'intervention de Mireille et je te prie de m'en excuser (comme un idiot, j'avais confondu le boulevard et la rue du Faubourg Poissonière). Etant un peu extérieur à ton groupe, peut-être il sera intéressant pour toi d'avoir quelques remarques de ma part dans la mesure où je n'ai pu m'exprimer.

    1. j'ai été un peu surpris par le pessimisme de plusieurs interventions. Je peux le comprendre. Dans mon livre "Un combat pour la paix". le personnage masculin principal va aussi être envahi par le pessimisme devant les tragédies dans le monde et l'ordre dominant actuel, ce qui va le conduire à la dépression puis à une attaque cérébrale dont il va mourir. A côté de lui, la femme continue cependant à garder l'espoir dans le progrès de l'humanité... L'avenir est ouvert...

    2. j'ai été frappé aussi par un large rejet, des entreprises progressistes ou "révolutionnaires" du passé, considérées comme utopistes ou irréalistes, entachées de graves défauts ou criminelles. C'était en particulier le cas à propos de la Révolution culturelle en Chine qui, certes, a été l'occasion de nombreux excès et crimes, et était peut-être irréaliste, mais n'en a pas moins été aussi un grand moment avec de grandes idées de progrès. Le chiffre de 50 millions de morts avancé est très au-delà des estimations habituelles. Cela m'a rappelé une séance récente d'une autre association où la Commune de Paris de 1871 a été dénigrée: les communards auraient été des criminels avec les assassinats de certains religieux et la destruction de certains bâtiments (hôtel de ville...) symboliques des régimes précédents, dont la bibliothèque impériale du Louvre. Les incendies auraient pu entrainer, par extension, la destruction du Louvre lui-même, qui n'était pas visé. Un des intervenants accusait cependant les communards d'avoir incendié le Louvre...Là aussi il y a eu des excès et des crimes de la part des communards, mais la Commune n'en a pas moins été une grande période de l'histoire et cela ne justifiait en rien l'extermination des parisiens qui a suivi (une plaque commémorative se trouve même au jardin du Luxembourg sur un des murs où les parisiens ont été fusillés).

    Je dois reconnaitre que je ne me suis ainsi guère senti en harmonie avec l'impression générale qui ressortait ainsi de ta soirée, même si j'ai écouté avec intérêt et apprécié certaines interventions. Une analyse lucide du passé est certes indispensable et l'historien doit aussi traiter des excès et crimes commis, mais il ne faut pas à mon avis tomber dans l'excès inverse, et je regrette de n'avoir pu intervenir.

    Qu'en penses-tu ? Je te remercierai par ailleurs de transmettre mon message, pour information, aux autres participants.

    Amitiés,

    Daniel

  • #2

    francesco rubino (lunedì, 16 maggio 2016 09:43)

    Alessia, très chère...
    les observations que Daniel Lagot a si bien offertes à la discussion dans son message d'il y a une semaine sont effectivement correctes, ainsi que porteuses d'une sincerité qui va bien surmonter la contingence de la chronique des passions "tristes", pour se rallier à la résistence des passions "fortes".
    Pas d'actions sans des bonnes analyses, a souligné Rainer Maria Kiesow, en citant les erreurs/horreurs de la Révolution culturelle, avec l'intention de démanteler mon appel à l'engagement. Eh bien, pas d'analyses qui ne sortent aucunement de l'action, dirais-je à l'envers!
    Trop de monde a la tendance à oublier, ou à ne pas (vouloir) voir, que, si l'action reste confinée à l'utopie, l'analyse revient à l'idéologie pure, abstraite, idealiste, détachée de la réalité.
    Bien a donc fait Daniel Lagot à souligner et relancer, avec précision et gentillesse, cette contradiction!
    J'ajouterais une considération. Ce qui manque tant à l'analyse qu'à l'action (les deux de qualité grossiere aujourd'hui, là où il y en a) est la capacité de traduire la complexité de la réalité "extérieure", qui est souvent aussi un Réel "intérieur" opprimant, dans un sens qui soit également riche et complexe pour la vie de chacun.
    L'exemple de l'ouvrage de Ilaria Borrelli est, chère Alessia et chers tous, très approprié dans ce contexte. La protagoniste est une fillette, agée de 10 ans à peu près, qui sort d'une famille de "révolutionnaires utopiques et idéologiques" de l'Italie des années 1970. Elle vit les espoirs, les contradictions, les fautes, les failures, en essayant constamment de traduire les événements "extérieurs" (la lutte contre les fascistes, les attentats, les incendies, l'arrivée de la police, les crises du gouvernement, jusqu'au grand tremblement de terre de 1980 à Naples...) dans une complexité de sens qui soit capable de signifier et rendre sa vie à elle, tel un produit (complexe, donc) de l'esprit, de la conscience, des désirs, des émotions, des pratiques concrètes, des luttes contres les parents, les enseignants, les adultes, etc. Amusant, intelligent, brilliant et souvent fulgurant, le déroulement de la narration autobiographique de Borrelli s'achève, une vingtaine d'années plus tard, sur une traduction toute personnelle des contradictions de l'époque et de sa famille à elle, car elle va devenir une réalisatrice engagée, qui aime narrer des petites histoires qui se déroulent à leur tour dans un coin perdu du monde, où un enfant-soldat, un gamin-père, deux jeunes amies prostituées, des fillettes d'un village près d'un puit, une fille avec sa chèvre... échappent leur destin d'oppression et de misère. Pas d'idéologies, pas de partis politiques, pas de dénonciations ouvertes, pas d'appels aux droits humains et fondamentaux. Uniquement, "uniquement"?, de l'action.
    Amitiés
    Francesco